Biennale 2022 · Évaluer des projets dans l’action sociale

Le projet « Fleurs de chantier » a été élaboré avec et pour des travailleurs sociaux et moniteurs des centres d’animation du canton de Fribourg, dans le but d’aborder des thématiques de promotion de la santé en particulier l’image de soi, avec des enfants et des jeunes. Les outils méthodologiques développés ont aussi été adoptés par des éducateurs en institutions socio-éducatives. Une évaluation a été mandatée par l’autorité cantonale en 2020 sur l’utilisation de ces outils et leur impact sur la pratique des professionnels. L’atelier présentera le processus d’évaluation (objectifs, conception, méthodologie et déroulement). Il mettra notamment en évidence l’accueil réservé par les professionnels et les enseignements tirés par chacune des parties à l’évaluation. Il abordera aussi les facteurs qui ont favorisé la réussite de l’évaluation, ainsi que les difficultés rencontrées.

Cette intervention porte sur le point de vue d’un mandant d’évaluations : quelle place est donnée à l’évaluation dans un office fédéral tel que l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) ? Comment les projets sont-ils conçus ? Quels sont les enjeux concernant le choix des mandataires ? Quelle utilisation peut être faite des résultats ? L’intervention sera aussi l’occasion d’échanger entre le point de vue du mandant et celui du mandataire concernant les attentes réciproques.

Les indicateurs sont un instrument incontournable de l’évaluation de l’action sociale. Leur définition soulève pourtant un double défi que cet atelier se propose d’éclairer. D’une part, du point de vue des professionnel·le·s du travail social, il s’agit de dépasser l’affirmation selon laquelle ce champ ne peut être évalué car il serait axé sur l’individu et la relation d’aide. D’autre part, il s’agit d’enrichir la gouvernance des politiques sociales – qui repose le plus souvent sur la mesure régulière et systématique du nombre de bénéficiaires, de prestations octroyées, et de leurs coûts – en évaluant davantage leurs impacts et les usages qu’en font leurs destinataires effectifs et visés. Nous nous demanderons ainsi comment définir des indicateurs qui soient pertinents, tant pour la pratique du travail social que pour le pilotage des politiques sociales et comment les intégrer au fonctionnement habituel des différents dispositifs d’action sociale.

La complexité du monde actuel ne permet plus de penser les projets sur du moyen ou long terme, dans de longs cycles « planification – mise en œuvre – évaluation ». Les projets et leur mise en œuvre, notamment dans le champ social, doivent être de plus en plus adaptatifs et donc agiles pour s’adapter à un contexte très évolutif. Par conséquent, l’évaluation de projets, plutôt que de se « cantonner » à vérifier l’atteinte des objectifs de départ et à commenter les écarts, ne devrait-elle pas repérer et encourager, si possible ex ante, tout ce qui va permettre l’agilité du projet et donc sa réussite ? Cet atelier propose d’aborder le concept de complexité et les limites d’une évaluation trop mécaniste, puis de discuter de quelques réflexions et d’expérimenter quelques outils permettant l’évaluation à l’époque de la complexité.